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R.O.T.S.

Th-Da. Toméo Vergès. R.O.T.S. SECRET SOLITUDE.
« Avec R.O.T.S. Toméo Vergès déçoit les critiques, de n'être pas là où il était attendu. Cette rupture esthétique met le doigt sur la plaie de notre « vie culturelle » qui se veut tout à la fois critique intelligente et distractive de la société...
Ce dernier a dans le collimateur un milieu précis, représenté par un décor qui est devenu une norme internationale : la maison entourée de son jardin et décorée au goût du jour (en l'espèce, la mode des années soixante-dix). La spatialisation sonore de Thomas Fernier recrée, au point de se demander si les portes de la salle sont bien fermées, le bruit de fond d'une « zone urbaine » : bourdon d'autoroute, d'avion, de musique d'ambiance, d'appareils divers et variés qui tissent une coupole vibratoire autour de chacun, ainsi coupé de sa réalité, autant assourdi à lui-même qu'à la nature... Le concept de décoration apparaît dans son incongruité, pure marque de richesse et d'humiliation de la culture rabaissée au pittoresque. Ce salon digne d'Orange mécanique théâtralise ses habitants en pantins déréglés, en fantômes d'acteurs figés dans des poses à prétentions photogéniques.
Toméo Vergès avec Éric Domeneghetty, Walter N'Guyen, Régine Westenhoeffer et Isabelle Boutrois campent ces créatures réunies à l'occasion d'une invitation entre couples. Qu'ils n'aient rien à se dire découle de leur implicite situation financière. Ces heures futiles sous-entendent qu'ils ont le dessus dans la guerre libérale. La séduction érotique, le talent de comédien sont leurs armes. Les scènes se succèdent selon un coq-à-l'âne qui énumère les pensées de leurs intellects en friche. Les corps à partir d'une situation banale déraillent, se déboîtent à un endroit mais avec une réserve de bon ton. Ils s'écroulent et se relèvent. S'attaquent et s'épaulent... À l'inverse de Rodrigo Garcia, Toméo Vergès se refuse à rendre spectaculaire la maladie sociale qui transforme les corps en spectres standard, il cite ces années qui firent de l'argent la clé du bonheur, et du bonheur, le sens de notre quête. R.O.T.S. au bord de l'anecdotique présente un miroir dérangeant à nos compromis. »

Mari-Mai Corbel, Mouvement.net, janvier 2004


R.O.T.S. : communiquer mais aussi faire silence
Après « Pièce(s) détachée(s) » présenté l'an dernier, le chorégraphe Toméo Vergès, propose un nouvel « objet étrange, ni danse ni théâtre, sans cloison entre les Arts.... 
Une fois de plus, la sensation et l'émotion priment sur le j'aime-j'aime pas catégorique...Dérangeant, on n'en doute pas, car le spectacle, basé sur un roman de Don DeLillo met le doigt là où ça peut faire mal : « derrière tous les faux bonheurs, notre confort, le bien-être matériel dont on s'entoure, les occupations et le bruit incessants, qu'est-ce-qu'il y a ? »... Avec ce spectacle, le chorégraphe-danseur avance encore sur son terrain de prédilection : une recherche sur le ressenti. »

Nord Eclair, le 21 janvier 2004

 

Agitation et solitude selon Toméo Vergès
« ...Vaine frénésie, lot quotidien d'une multitude peuplée de solitudes qui préfère s'affairer que de se regarder, qui a choisi d'entreprendre plutôt que de comprendre... C'est dans cette gesticulation omniprésente et universelle, fuite effrénée autant que pathétique, qu'il faut voir évoluer les corps des danseurs de  R.O.T.S. la dernière création de Toméo Vergès... Parfois pourtant, un zeste d'azur, une stupeur, une absence, un silence font irruption et mettent le tourbillon sur pause. Rares moments d'introspection, d'angoisse et de vérité. Avant que le carrousel infernal, de plus belle, ne se remette en branle... Avec R.O.T.S., l'humour grinçant et quelque peu inquiétant du très cinématographique Toméo Vergès est de retour. Comme si Antonioni ou Buñuel n'avaient jamais été bien loin. »

F. Labendzki, La Voix du Nord, le 21 janvier 2004

 

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